Paru dans Le Nouveau Magazine littéraire, en janvier 2020

 

« Attention ! ceci n'est pas une narration, c'est un tourbillon. Au centre, Hélène, qui anime un atelier d'écriture à Sciences po, se souvient de ses grands amours et de ses années hippies, s'intéresse à une étudiante sensible, rencontre un juge séduisant, évoque son frère Stéphane, agriculteur, et la mort de leur mère, analyse des textes de Brautigan, Tchekhov, Musil, et se rappelle son premier roman à elle… Le chaos ? Non, la vie, qui, contrairement aux romans fabriqués, ne peut se circonscrire en trois thèmes. Grâce à une écriture à la fois elliptique, digressive et parfaitement maîtrisée, Pascale Roze nous convie dans l'existence crédible de son Hélène fictive. Avec elle, et par le souvenir d'une main baladeuse, on mesure l'écart entre les mœurs de sa jeunesse et celles d'aujourd'hui. On se souvient que l'analyse en profondeur des textes – et des êtres ? – nous rend parfois aveugles aux trésors sertis dans leur surface. On redécouvre l'élan et les emportements de la jeunesse à travers la figure d’une littérature fugueuse.

On y apprend, avec Buzzati, comment un homme peut devenir esclave et s’empoisonner par amour… Et on revient, cependant, vers l’amour, avec cette héroïne qui croit y avoir renoncé et finit par le retrouver, malgré toutes ses préventions. Rien à voir avec ces romans aux sections découpées et bordurées comme des jardins à la française. Ici, tout se mêle : le passé et le présent, la vie et la littérature, et, in fine, l’amour et la bestialité. Ici, rien n’est pur, rappelle Pascale Roze à notre époque éprise de pureté. »

(Alexis Brocas
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